Mon ego en a pris un coup
Toute ma vie, j’ai été un gardien inflexible de ma justice personnelle. Dès que quelqu’un franchissait la ligne — un service bâclé, une facture gonflée — je dégainais mes arguments comme un chevalier son épée, prêt à défendre mon honneur devant les petites créances. Dans 80 % des cas, j’ai obtenu gain de cause. Même lorsqu’il n’y avait pas victoire, le simple fait d’avoir livré bataille nourrissait un ego avide de rétablir l’équilibre, du moins à mes yeux.
Mais récemment, le scénario a pris une autre tournure. Un commerçant m’a facturé 1000 $ de plus que prévu. Fidèle à mes habitudes, je lui ai envoyé une lettre recommandée, le sommant de rectifier cette injustice sous peine de le voir devant un juge. Sa réponse froide, presque méprisante, a mis le feu aux poudres de mon ego, réveillant en moi un volcan que je croyais endormi.
C’est alors que la voix douce mais ferme de Johanne, ma conjointe, s’est fait entendre dans ma mémoire. Elle enseigne le lâcher-prise comme on sème des graines de paix. Et, à force de la côtoyer, ses enseignements m’ont tranquillement imprégné, comme une pluie fine qui pénètre lentement la terre.
Je suis parti marcher avec Will, mon petit bichon maltais, le cœur agité et la tête en ébullition. Je ruminais encore la lettre que j’allais rédiger pour la cour. Mais alors que mes pas me menaient doucement sur le sentier, mes pensées ont commencé à s’alléger, comme si le vent les emportait une à une.
Et là, une prise de conscience m’a frappé :
À quoi bon charger mon esprit de ces boulets invisibles, ces pierres de colère et de frustration, alors que je pourrais remplir mon sac intérieur de paix, de projets et de lumière ?
J’ai senti sur mes épaules le poids invisible d’un sac à dos rempli de colère, de preuves et d’arguments… et tout à coup, il est tombé. En le déposant, j’ai fait place à un sentiment de bien-être inexprimable.
Ce que je croyais être une quête de justice n’était en fait qu’une tentative de nourrir un ego affamé de reconnaissance et de revanche. Et tout cela ne m’aurait rapporté que quelques billets… et beaucoup de temps perdu à lutter contre un vent contraire.
Mais plus encore : je me suis rendu compte que je fermais la porte à l’invisible, à ces messages subtils de mon guide, à ces murmures de l’univers qui auraient pu m’inspirer dans mes futurs projets. Ma colère faisait trop de bruit pour que je puisse entendre l’essentiel.
Lâcher prise, ce n’est pas fuir. C’est choisir de ne pas jeter ses graines dans une terre stérile, et plutôt les planter là où elles fleuriront.
Ce n’est pas facile, je ne vous le cacherai pas. Mais quelle délivrance ! Quelle puissance retrouvée dans le calme !
Pensons-y :
Se battre pour des broutilles, nourrir un ego qui ne sait qu’engendrer migraines et tensions… n’est-ce pas là le vrai prix à payer ?
La paix, elle, ne coûte rien. Mais elle vaut tout.