Un endroit pour développer sa médiumnité

 

 

Mon orignal

 

Dans le bois

Le premier automne de notre cohabitation, Johanne me raconta qu’elle avait déjà prédit à son ex-conjoint, qu’il abattrait un chevreuil. Comme mon voyage de chasse était organisé depuis longtemps, avant ma rencontre avec Johanne, je lui ai demandé si j’allais tuer un orignal. Je n’y croyais absolument pas. Je tenais tout de même à lui poser la question. S’agissait – t’il de curiosité ou peut-être d’un test en même temps? Probablement parce qu’elle me savait incrédule, il fallut que j’insiste pour qu’elle me réponde.

Elle répondit oui. J’étais des plus sceptiques. Je lui ai même ri au nez, parce que depuis une quinzaine d’années que j’allais à la chasse, je n’avais jamais abattu d’orignal. Ce que j’aimais de cette chasse, c’était l’isolement dans les bois, des journées entières. Regarder le soleil se lever alors que le thermomètre frisait le zéro degré Celsius, et le regarder se coucher à la fin de l’après-midi était une chose que je pouvais me permettre à la chasse seulement. Je me retrouvais donc avec la nature et avec moi-même. Le bonheur envahissait ma solitude, assis au pied d’un arbre, ne pensant à rien, je laissais défiler des tas d’images dans ma tête.

 

De la méditation en forêt

Lorsque je restais trop longtemps immobile, un vide montait en moi. Je sanglotais, sans pouvoir m’expliquer le pourquoi. Un rien m’incitait à pleurer. Je versais des larmes pour ce qui ressemblait à de la joie, de l’amour peut-être. Je ressentais alors des sentiments qui m’étaient complètement inconnus. Une chaleur et un bien-être physique et psychologique m’habitaient.

 

Aujourd’hui, je crois que cette solitude me faisait entrevoir la beauté de mon âme, sans le savoir, ni même la voir. La vie active de tous les jours m’empêchait d’entrer en contact avec mon âme. J’ignorais pourquoi, mais il me fallait vivre cet isolement. Je vivais ces moments comme si les larmes spontanées venaient, sans raison, purifier mon être de tout ce qui m’échappait dans mon existence. J’avais besoin de ces moments de méditation. 

 

Je me retrouvai donc au Tim Way, club de chasse et pêche appartenant à une compagnie de papier de Trois-Rivières, la Wayagamack. Mon frère Gérard et plusieurs de ses amis faisaient partie du  voyage. Nous avions loué un chalet rustique, pour une semaine entière. Arrivés au camp le samedi midi, nous avons chassé tout le week-end. Le soir venu, nous faisions honneur à nos caisses de bières. Le lundi, à sept heures du matin, par un froid glacial, je vécus un face à face avec un orignal.

 

Mon orignal m’attendait

J’avais endossé mon lourd sac à dos. Ma carabine en bandoulière, je me dirigeais d’un pas feutré vers la montagne indiquée la veille par mes copains. Avec une température de moins six degrés Celsius, marcher me réchauffait. Arrivé à une croisée de chemin, je me retrouvai soudainement à peine à deux cents pieds d’une magnifique bête à cornes. L’animal m’offrait tout son corps en sacrifice puisqu’il se trouvait à découvert, en travers du sentier. J’avais alors, pour seul compagnon, l’énervement du moment.

Alors que l’animal m’étudiait du regard, je produisais ce qui me semblait être un vacarme d’enfer, en essayant de faire pénétrer une douille dans le magasin de ma vieille 303. La gelée du matin enrayait partiellement mon arme. De grands yeux fixaient les miens, sans bouger. Il n’était pas normal que l’animal reste ainsi, immobile, à m’observer, en entendant ce tintamarre de métal, briser le silence de la montagne. Seulement deux cents pieds nous séparaient, en pleine clairière. Je me trouvais aussi à découvert que lui. Après une ou deux minutes interminables, ma balle entra dans le magasin. Je pris une profonde respiration, j’épaulai très lentement et je fis feu. Le sang me glaça dans les veines lorsque je vis l’orignal effectuer un saut démesuré et disparaître dans les bois.

 

  J’étais découragé

Qu’allais-je raconter à mes amis, le soir venu, autour d’une bière? Je l’ai tiré au gallot et je l’ai raté. Je l’ai touché, mais je ne l’ai pas retrouvé. Tous les gars avaient entendu la détonation de ma carabine grâce à l’écho des montagnes. Après maintes histoires qui défilaient dans ma tête, il me vint à l’esprit que j’avais peut-être vraiment blessé l’animal. En effet, je me trouvais tellement près de lui, c’était trop idiot de ne pas l’avoir touché. Je décidai donc de rebrousser chemin, pour donner un coup de grâce à la bête si jamais je l’avais blessée.

 

Une bonne demi-heure plus loin, j’entrai dans le bois, là où l’orignal avait disparu. J’avais la certitude que s’il était blessé, il serait allongé. J’ai parcouru une centaine de pieds. À chaque trois pas, je m’arrêtais pour regarder à gauche, regarder à droite, écouter. Je l’aperçus finalement, il était étendu de tout son long, la langue sortit. Je l’avais tué sur le coup, en plein cœur. Je venais de comprendre que c’étaient les nerfs qui l’avaient fait bondir de la sorte. À la vue du gibier allongé en travers du sentier, une euphorie indescriptible s’est emparée de moi. J’avais tué mon premier orignal à vie.

 

La boucle était bouclée

Tout au long des opérations qui ont suivi l’abattage de mon trophée, je ne pouvais m’empêcher de penser à Johanne. Elle avait eu raison. Je venais d’abattre un orignal. Je suis revenu de ce voyage de chasse avec une grande fierté. Pour la première fois de ma vie, je détenais comme trophée, une tête d’orignal sur le toit de ma Jeep. Cet événement s’est produit la première année où j’ai connu Johanne. Il n’est pas nécessaire de préciser qu’à partir de ce moment, je suis devenu attentif aux prédictions de ma blonde. Cette partie de chasse bouclait la boucle. Je n’y suis jamais retourné par la suite.

 

Bonne prédiction ou pur hasard

Comment Johanne pouvait-elle savoir que j’abattrais un orignal? Mes croyances en l’au-delà étant rudimentaires, les guides de Johanne lui ont permis de voir mon avenir afin que ma foi en l’univers grandisse. Effectivement, mes interrogations sur les possibilités que le hasard ne soit pas de la partie étaient grandissantes. Cette expérience unique me fournissait l’occasion de me questionner sur mes croyances en ce domaine. Je n’étais tout de même pas rendu à croire hors de tous doutes aux prédictions de ma blonde. Je laissais tout de même une bonne place à l’interrogation et une autre à mon attention. Je gardais un bémol.

Mon évolution avançait lentement

 

 

6 Réponses à “Mon orignal”

  1. Lisette Bourque

    Eh! Bien félicitations, pour cette belle prise, une belle expérience pour un chasseur, en plus,
    votre Johane, vous a amené à croire en elle malgré vous. Bonne journée!!!! Disons que les sceptiques seront confondus dus dus dus !!!!

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  2. Robert

    Aucun commentaire en anglais ne sera accepté. Si vous pouvez lire mon blogue, vous pouvez surement le commenter en français. Merci.

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  3. Anne

    wow vraiment curieux cet orignal planté là à te regarder et attendre que vienne le coup . Merci du partage Robert 🙂

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    • Robert

      Merci Anne. Ce sont des petits phénomènes comme celui-là qui m’ont fait comprendre graduellement les capacités de Johanne et ma croyance en l’au-delà.

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