Le jour de la fin du monde.
Johanne a insisté, lors de la réservation, pour aller à Coba le 21 décembre. On avait promis aux amis de leur envoyer des photos de la fin du monde. Ce sera la journée la plus enrichissante du voyage.
Comme à tous les matins, un vrai cadran réveil, nous sommes debout à sept heures. On prend le temps d’avaler un copieux petit déjeuner avant de prendre le minibus pour Coba. Notre guide se nomme Jean-Paul Gaya Schneider, un mexicain dont le père est Allemand et la mère Mexicaine. Nous sommes onze touristes à bord du minibus et tout le monde est près pour s’enrichir de l’expérience Maya. Johanne et moi adorons le côté éducatif du voyage. En roulant vers notre destination, Jean-Paul nous documente sur le Mexique et sur la culture Maya.
Une route de bitume a été construite par l’État pour traverser la jungle des Mayas. Des kilomètres et des kilomètres de routes, droites comme une flèche. Certains Mayas ont l’électricité le long de cette route, depuis un an environ. On dit qu’ils adorent avoir l’électricité, mais détestent le compte qui l’accompagne. Le Mexique aime à exhiber ses habitants mayas aux touristes. Le seul fait de les visiter et de les côtoyer change l’essence même de la culture de ces habitants de la jungle. Ils aiment la magie de l’électricité, mais ne réalisent pas qu’avec le temps, cela changera leur façon de vivre, leurs habitudes, leurs mœurs.
On circule en plein coeur de la jungle. Le fait qu’il y est du bitume sous nos pieds nous prive du dépaysement et surtout de la peur que l’on devrait ressentir dans une jungle. Rouler avec cette forêt de chaque côté de la route ne me dépayse pas le moins du monde jusqu’à ce que l’on quitte cette route pour pénétrer dans cette jungle. Je garde en tête que la jungle est une forêt tropicale dans laquelle il y a de grands fauves. Je connais nos ours qui attaquent rarement les humains, mais la jungle, c’est une autre affaire. Un chemin de terre raboteux nous conduit dans un grand espace vert, sans arbres, qui sert probablement de protection pour la famille de neuf enfants qui vit à proximité, sans électricité et sans confort moderne.
La première chose que l’on voit en débarquant du bus est un puits. Il est essentiel à la famille pour abreuver les résidents, et satisfaire aux besoins essentiels que l’eau peut procurer. On y voit de l’eau à cinq ou six pieds tout au plus. Une dame de l’autobus demande à se rendre aux toilettes. Jean-Paul s’empresse de courir avec elle dans la jungle, là où l’on peut trouver des Jaguars, des serpents venimeux et différents animaux de la jungle. Cette information enlève toute envie aux autres occupants de l’autobus, dont moi-même.
Jean-Paul nous raconte qu’un habitant de la jungle s’est fait blesser un chien et dévorer un autre par un jaguar. La nouvelle ayant atteint les oreilles du gouvernement, celui-ci a donné à ce père de famille l’argent nécessaire à l’achat de deux autres chiens et de l’argent supplémentaire pour décourager l’homme de tuer le jaguar. Avec cet argent, le gouvernement a réussi à sauver un animal d’une espèce protégé, d’une mort certaine.
Le gouvernement a négocié avec les habitants des lieux pour qu’ils accueillent des touristes et naturellement qu’ils acceptent une rémunération. Cela va considérablement changer la façon de vivre de cette famille, c’est certain. Leur fille ainée a déjà été prise en charge par le gouvernement et est sur le point de terminer son université en biologie. Dans quelques années, la famille aura peine à dissimuler le modernisme qui affectera leur vie grâce à l’argent récolté de nos visites. Heureusement, tout cela est nouveau et nous constatons que leur façon de vivre est encore rustique. Ils ont tout ce dont ils ont besoin pour leur subsistance. Dans leur cours, clôturée avec du bois recueilli dans la jungle, on retrouve des bananes, des ananas, des noix de coco et différents fruits tropicaux. Ils cultivent, parait-il, un petit champ de maïs, loin de leur hutte, dans la jungle. Ils gardent quelques animaux en captivité comme un cochon, un paon et quelques autres. Leur maison est constituée de deux huttes fabriquées de pailles et de bois. Une hutte ronde qui fait office de cuisine et qui doit mesurer environ douze pieds de diamètre et une autre hutte pour dormir. Toute la famille couche dans des hamacs installés dans cette hutte d’environ dix pieds par vingt maximums.
La mère de famille nous fait cuire des tortillas, devant nous, sur une plaque de métal installée au dessus du feu, dans la hutte qui sert de cuisine. Je demande à Jean-Paul pourquoi le toit de la hutte est si noir à l’intérieur? C’est la cuisson qui noirci le toit et cela contribue à une plus grande étanchéité du toit parait-il. Les tortillas ( petites crêpes faites de farine de maïs ) sont délicieuses.
Le guide nous raconte que dans la tradition Maya, on enterre le parent décédé, dans la hutte. Lorsque les deux parents sont enterrés, la famille abandonne la hutte pour en construire une nouvelle un peu plus loin.
Nous avons la chance de nous photographier avec quelques membres de la famille. La mère et les deux plus jeunes enfants.
La vie semble paradisiaque ici. Tout est là, à portée de mains. Le décor est enchanteur, les couleurs de la nature, flamboyantes. Ils ont probablement leur part de problèmes, mais ces gens semblent heureux. Je ne suis cependant pas certain de pouvoir vivre longtemps dans un environnement aussi simple. Connaissant les facilités modernes, j’aurais vite fait de comparer, de créer des besoins non essentiels, bref, d’introduire du modernisme pour accompagner ce qui me semblerait de la misère. De voir ces gens simples, me fait au moins réfléchir sur l’essentiel de la vie. Profiter du modernisme c’est beau, mais il ne faut pas oublier l’essence même de la vie, la nature.
Des souvenirs inoubliables.
Un peu à l’écart des huttes de la famille, le gouvernement a fait construire une tour en bois qui sert d’observatoire.
Gustave est toujours présent et Johanne semble encore s’adresser à lui!
C’est avec un pincement au cœur que nous quittons cet endroit féérique. Toute bonne chose a une fin, mais notre journée n’est pas terminée, loin de là. Nous reprenons la route qui nous conduira à Coba.
En chemin, on s’arrête dans un village Maya pour visiter une lagune et l’on a droit à un rituel Maya en l’honneur de la journée de la fin du calendrier Maya (la fin du monde). Un Chaman concocte une cérémonie. Il nous fait boire un liquide délicieux et nous remet à chacun de nous un bracelet confectionné à la main.
Le rituel pratiqué par le chaman est très émouvant. Nous avons l’impression d’être des êtres privilégiés. Nous sommes choyés de vivre une telle cérémonie. L’hôtel et tout le cérémonial ont été préparés en notre honneur, pour marquer cette journée de la fin du monde.
Johanne et moi sommes comblés par notre journée jusqu’à présent. Qui aurait dit que ma médium préférée aurait l’occasion de côtoyer une famille Maya dans la Jungle mexicaine et d’assister à une cérémonie religieuse présidée par un Chaman au pied d’un hôtel rustique et cela dans la même journée; la journée de la fin du monde.
Après un bon repas mexicain, dans un restaurant improvisé de ce petit village, on reprend le minibus. Prochaine destination Coba.
Une petite demi-heure et nous voilà sur le site de Coba. Malheureusement, le temps presse et l’horaire nous bouscule. Nous visitons le site avec une guide pendant une heure et elle nous apprend qu’il ne nous reste qu’une petite heure pour visiter le reste du site, monter la pyramide et magasiner des souvenirs. Le choix est simple, on oubliera le magasinage de souvenirs.
Une pyramide sur laquelle on a le droit de grimper. Johanne n’a pas hésité une seconde pour dire qu’elle n’enjamberait pas une seule marche. Sans réfléchir, je m’engage à monter au sommet de cette pyramide. La tête basse, me concentrant sur les marches inégales, je grimpe petit à petit, une marche à la fois, jusqu’à ce que je m’arrête pour reprendre mon souffle. Je m’assois sur une marche et jette un regard en bas. Panique à bord. Je regarde en haut, jette un coup d’œil en bas, pour me dire que si je monte jusqu’au sommet, je ne pourrai plus redescendre. Une jeune dame enceinte de sept mois s’assoit à mes côtés et je lui suggère de regarder en bas avant d’aller plus haut. Elle a peur, mais me confirme qu’elle se rendra jusqu’en haut puisque son conjoint y est déjà. Il a fait l’ascension en béquilles sur une seule jambe. Je redescends donc sur les fesses en tenant bien solidement le câble qui longe la pyramide en son centre. Le stress et la peur ont fait en sorte que mes jambes sont très douloureuses à mon arrivée en bas. J’en aurai pour quelques jours avant que mes avants cuisses reviennent à leur état naturel. J’ai pris deux photos avant de redescendre des trois quarts de la pyramide.
Gustave est fier de ma décision de redescendre. Je mets tout simplement son existence en péril s’il m’arrive un malheur. L’égo et l’orgueil laissés de côté, j’ai pris la meilleure décision dans les circonstances. Avec le recul, je constate que j’aurais dû faire comme Johanne; rester en bas.
Une fois sur le plancher des vaches, je m’amuse à chercher le type unijambiste qui a grimpé la pyramide en béquille. Il a un gilet rouge, une casquette blanche, ses béquilles à la main et on le voit tout en haut avec sa conjointe, enceinte de sept mois, devant lui. Elle porte un chapeau et notre guide Jean-Paul est à sa gauche.
Sur la photo de droite, Daniel redescend sur les fesses, ses béquilles à la main.
Une journée bien remplie. Un peu bousculant sur la fin, à cause du manque de temps, mais rien n’est parfait. Jo et moi avons adoré la journée.
En cette soirée de la fin du monde, le restaurant mexicain « Tequila » nous attend.
On fait encore honneur à notre bon goût, et on passe une autre fin de soirée adorable.
Une halte dans le hall d’entrée pour échanger avec Carl et l’on se dirige à la chambre.
Un repos bien mérité nous conduira à notre dernière journée complète sur le site.